vendredi 18 avril 2008

THE PALE FOUNTAINS : Pacific Street

LP, Virgin V2274, février 1984

Il serait tentant de réduire les Pale Fountains à l’étiquette de Smiths de Liverpool : les guitares limpides et dynamiques comme la voix claire et haut perchée de Michael Head ne sont pas sans évoquer les mancunians (c’est particulièrement sensible sur le début de « Reach », qui ouvre l’album) mais la palette de sons et d’instruments présents sur ce premier album placent les Fountains bien loin devant Morrissey & Marr, au moins à cette époque.

Virgin, qui avait mis le paquet pour signer le groupe après leur premier single paru en 1982 (Something On My Mind, dont une nouvelle version est proposée ici) a donné les moyens à la pop colorée de Michael Head de livrer tout son potentiel. Le groupe a eu beaucoup de temps pour mener à bien ce disque et aux instruments de ses membres (guitares, trompette, claviers, basse, percussions, batterie, oil drums tout de même…) sont venus s’ajouter flûte et cordes. La grande force du groupe de son producteur Howard Gray est d’avoir réussi à ne pas sombrer dans l’excès : rien ici n’est boursouflé ou noyé sous les couches d’instruments. L’écriture légère, gracieuse de Michael Head est simplement enrichie par de fines touches d’une grâce absolue. Head n’est âgé que de 22 ans quand sort cet album mais il semble maîtriser l’écriture et l’art d’arranger des merveilles pop comme un vieux briscard.

Une coloration très sixties donne à cet album son unité qui s’impose pourtant à la première écoute par la variété des sons et des rythmes (on passe allègrement d’un rythme bossa à de la pop psychédélique). L’influence de Love saute aux oreilles, ne serait-ce par l’emploi de trompettes hispanisantes. Elle n’est pas la seule : ce sont les Mamas And Papas qui semblent s’inviter dans les années 80 sur « Southband Excursion »… qui précède un rhythm and blues qui paraît lui aussi venir d’une autre période («Natural»). Pour autant, les compositions ne sont en rien de pales copies des originaux : Head a fait siennes ses influences et pour décalées qu’elles soient en ce début d’années 80 où les expérimentations synthétiques et la rage froide du post punk avaient plus le vent en poupe que les sonorités exotiques ou les passages instrumentaux à la trompettes ou à la guitare acoustique, ses compositions n’en sont pas moins de leur époque. Dans un monde plus juste et plus soucieux de se faire du bien, le single Don’t let Your Love Start A War aurait dû avoir un succès monumental, « Something On My Mind » aurait dû se voir proposer une nouvelle sortie en simple et monter lui aussi bien haut dans les classements ; les lyrics doucement romantiques de Michael Head et la richesse des compositions et des arrangements auraient alors pu se dévoiler, au fil des écoutes, à un public sans cesse plus large. Il n’en a pas été ainsi et Pacific Street appartient plus à la catégorie des trésors cachés qu’à celle des disques qui ont bouleversé le cours de la décennie. Il n’en demeure pas moins que c’est un chef d’œuvre qui n’en finit pas de se révéler et qu’il ne serait guère surprenant qu’on dise enfin, un jour, son incroyable qualité. Combien de temps a-t-il fallu avant que l’on reconnaisse un Nick Drake ou un Chris Bell ? Et en plus, Michael Head est toujours vivant…

Singles extraits de l’album

  • Unless (7” & 12”, Virgin VS 568, janvier 1984)
  • Don’t Let Your Love Start A War (7” & 12”, Virgin VS 668, mars 1984)

A écouter également

  • Arthur Lee live in Liverpool 1992 ( Michael et John Head ont, presque dix ans après Pacific Street, accompagné Arthur Lee, le charismatique chanteur le Love, sur scène. Ce disque est l’enregistrement du concert donné à Liverpool en mai 1992- cd, Viper cd 003, 2000)

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