mercredi 6 février 2008

THE JESUS & MARY CHAIN : Psychocandy

LP, Blanco Y Negro BYN 7, novembre 1985

C’est d’une déflagration dont il faut se souvenir. La pochette déjà : au beau milieu des années 1980, les Jesus & Mary Chain allait réinventer le summum du cool rock’n’roll. Tout est déjà là : un nom de groupe improbable, les cheveux en pétard et les chemises noires des frères Reid, la batterie réduite à l’essentiel, une photo crade, la loose attitude. Les 60’s ET le punk.

Au fil des quatorze morceaux de l’album, les Jesus & Mary Chain réussissent le pari d'associer le rock urbain du Velvet Underground et le sens de la mélodie psychédélique des Beach Boys. Le tout sur fond de guitares hurlantes, d’un mur de distorsion et de larsen, unique héritage viable au wall of sound de Phil Spector plus de vingt ans après sa création. Psycho ET Candy, maximum rock’n’roll sur fond trouble aux couleurs passées de la pochette. « La dragée au poivre », pour reprendre le titre d’un article que Les Inrockuptibles avaient consacré au groupe début 1987.

Il n’est pas tant question d’énergie que de masses électriques lancées aux oreilles des auditeurs. La structure des morceaux –ballades comme décharges stoogiennes- est on ne peut plus simple, l’instrumentation décharnée ; Psychocandy est avant tout une orgie de vibrations post-industrielles. « Sowing Seeds », « In a Hole », « Just Like Honey »… Psychocandy est aussi un album de grands flippés sous influence. Le LSD est l’invité permanent, la muse. C’est ici encore la rencontre de l’imagerie sixties et de la réalité des années post crise industrielle qui donne à ce disque cette saveur jusqu’alors inédite ; Alan Mc Gee et son label Creation première maison de disques des Jesus, sauront exploiter le filon.

Les concerts de l’époque furent à l’avenant : bruit et fureur en dix à vingt minutes. Mutisme, provocations, émeutes parfois. Et comme au temps des Sex Pistols, les interdictions municipales n’allaient pas tarder à tomber. En attendant, les frères Reid posaient à la une du NME derrière une vitre savonnée…

Quant à écouter ce disque aujourd’hui… Et bien si : d’abord parce qu’il n’a rien perdu de sa force et qu’il n’aura pas été donné d’entendre très souvent une telle débauche de feedback et de distorsion sur disque ; et puis aussi parce que les frères Reid allaient se révéler immenses en trouvant la capacité de se réinventer sans trahir ce premier volume dès leur l’album suivant : Darklands, publié deux ans plus tard très exactement, prouverait aux incrédules que derrière le mur du son et les photos d’écrans TV au rendu incertain se cachaient bien deux songwriters plus fins qu’il n’y paraissait peut-être.


Singles extraits de l’album

  • Never Understand (7” & 12”, Blanco Y Negro NEG 8, février 1985)
  • You Trip Me Up (7” & 12”, Blanco Y Negro NEG 13, mai 1985)
  • Just Like Honey (7” & 12”, Blanco Y Negro NEG 17, septembre 1985)

A écouter également

  • Barbed Wire Kisses (B sides and more, compilation, Blanco Y Negro BYN 15, avril 1988)

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