dimanche 20 janvier 2008

GALAXIE 500 : Today

LP, Aurora records 002, automne 1988

« Slowcore », « dream pop », ainsi les gens de Wikipedia qualifient-ils cette musique sortie de presque nulle part (si ce n’est de Boston) fin 1988 et visiblement difficile à définir. La filiation n’est pas terriblement compliquée à établir : le Velvet (post John Cale), Les Modern Lovers de Jojo Richman (ici repris par un « Don’t Let Our Youth Go To Waste » étiré et sinueux qui doit justement plus au Velvet qu’à son créateur), les Feelies … Autrement dit, guitares, fuzz, accords en boucles, batterie sourde. Mais la voix de Dean Wareham donne au son de Galaxie 500 une tonalité inédite. Haut perchée, souvent à la limite de la rupture (et au-delà en concert), elle donne aux morceaux une fragilité qui les distingue du rock plus urbain ou imprégné de la culture de campus des groupes précités. « It’s Getting Late » ou « Tugboat » sont ainsi des sommets de repli sur soi, sensible dans les lyrics de l’album entier. Today est ainsi : œuvre d'une jeunesse électrique, effacée mais décidée, qui ose affirmer ses faiblesses, sa maladresse, ses moments pénibles (« Came to the door but she wouldn't see me » (« Oblivious »)) et sa naïveté sans regarder ses chaussures et sans pleurnicher : « Baby, my head’s full of wishes » (« Pictures »).

Vingt ans après sa sortie, c’est l’unité et la fluidité du son qui frappe encore à l’écoute de cet album. Les neufs morceaux furent enregistrés en trois jours, à New York, par Kramer. Les arrangements comme le jeu de chaque membre du trio sont d’une incroyable simplicité : la batterie de Damon Krukowski et la basse de Naomi Yang sont souvent réduites à l’essentiel, et les parties de Dean Wareham ne révèlent pas un musicien hors pair mais un compositeur d’une grande sensibilité et d’une grande acuité, au jeu de guitare tout en retenue. Quelques accords et un solo sur quelques notes suffisent à donner à chaque composition un territoire. Les morceaux s’imposent dès lors dans une sorte de dépouillement mais aussi d’évidence peu commune. Et on pense parfois à la grâce de Buddy Holly, dont Galaxie 500 reprenait "Well All Right" à leurs débuts.

Sur leurs deux albums suivants (On Fire, 1989 et This Is Our Music, 1990), le groupe développera une musique beaucoup plus éthérée et cotonneuse. Si Today, souvent oublié lorsqu’il s’agit de conseiller un disque du groupe, mérite d’être reconsidéré, c’est que Galaxie 500 semble avoir ici privilégié les morceaux à l’ambiance générale du disque. Si le groupe n’a donc pas encore totalement mis en place le son qui sera son image de marque, c’est un album de morceaux d’une qualité exceptionnelle qu’il nous propose et le son plus tranchant de Wareham n’est en rien étranger au charme particulier de ce disque. Thurston Moore le considérait comme son disque de guitares favori pour 1988. Bien vu, Thurston. A suivre : Daydream Nation, quasi contemporain de ce Today et tout aussi indispensable dans toute discothèque digne de ce nom.


Single extrait de l’album (sorti avant l’album, en fait)

  • Tugboat (7”, Aurora records, 1988)

A écouter également

  • Uncollected Galaxie 500 (compilation avec quelques inédits de l'époque de Today - Cd, Ryko RCD10355, 1996 puis RCD 10681)

A voir

  • Don’t Let Our Youth Go To Waste – Galaxie 500 1987-1991 (videos, apparitions TV et concerts, 2 DVD, Plexifilm 015, 2004)

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